Restless
«Restless» parle d'amour, «Restless» parle de mort … Un sujet grave avec un poids plume, voilà ce que semble avoir voulu réaliser Gus Van Sant avec son dernier film, une romance adolescente hantée par les fantômes et la poésie. Une sensibilité à fleur de peau émane de l'écran, une mise en scène léchée, un sens de l'esthétique singulier, le film est d'une beauté sans nom à l'instar de son affiche. Trop beau peut être pour être vrai, Gus Van Sant propose sa poésie sans discernement, dans ses décors, dans ses dialogues, dans ses personnages... Mais sous ses artifices typiques d'un cinéma indépendant parfois nombriliste se cache un film magnifique. Si on parle de mort, d'accident ou de maladie, on ne tombe jamais du petit nuage sur lequel le réalisateur nous a installé … Le regard doux et lumineux qu'il pose sur ses deux adolescents est touchant, sa manière de nous rappeler à plusieurs reprises une fin qui s'annonce tragique, subtile et terrible. Les deux jeunes interprètes sont prodigieux, Henry Hopper et surtout Mia Wasikowska, douce et pétillante. Le film atteint des sommets dans son dernier tiers, sa sincérité et sa grâce virevoltent pour aller nous toucher en plein cœur. Le côté épuré et commun de «Restless» est un leurre, car sous ses airs de «film mineur», il impose sa subtile émotion en mode majeur. Brillant et bouleversant.