NEDS
Histoire édifiante et prenante, «Neds» montre comment dans une banlieue écossaise des années 70, un jeune prodige stigmatisé à l'école, parce que trop fort, devient peu à peu le jeune délinquant redouté de tous. Cette descente aux enfers douloureuse et progressive du jeune homme, l'est tout autant pour le spectateur. Film réaliste et très dur, il se révèle pourtant très subtil, grâce à un scénario très bien fichu, d'une intelligence étonnante. Peter Mullan (qui réalise là un film en partie autobiographique) ne survole jamais son sujet et travaille finement la psychologie de ses personnages et brasse de nombreuses thématiques avec des mains de maître : solitude, pouvoir, mal-être... Si le réalisateur choisit de désamorcer à plusieurs reprises sa noirceur notamment en jouant du décalage (combats sanglants sur une musique carnavalesque ou métaphores surprenantes), l’âpreté de la violence prend aux tripes. L'acteur principal (Conor McCarron) est éblouissant, un simple regard lui suffit à traduire ses arrières-pensées et à nous glacer le sang, le reste du casting (dont Peter Mullan, qui joue le père) est impeccable. «Neds» joue des gros bras mais sonde la violence et l'humain avec un ton déstabilisant, souvent aride mais toujours juste. Par les errances terribles et lourdes de sens de son personnage, le réalisateur anglais nous met là une petite claque qui fait bien mal. Redoutable.