Millenium
David Fincher s'essaie avec « Millenium » à un exercice de plus en plus lassant, le remake américain... Mais la différence ici c'est que le bonhomme s'appelle Fincher et qu'à partir d'un scénario pourtant bien connu il arrive à livrer un film riche, prenant et fascinant. Il faut le dire d'emblée, le principal défaut du film est d'être un remake car pour qui a vu la version suédoise, il n'y a pas de réelle surprise, la trame est la même. Pourtant le réalisateur nous tétanise d'entrée par un des plus impressionnant générique qu'il m'est été donné de voir, sombre et somptueux, le film n'a pas encore commencé et l'on est déjà scotché. Il ouvre alors sur un récit bien maîtrise, mieux amené que la version suédoise qui voit deux personnages fascinants se croiser dans un premier temps avant de se rejoindre pour élucider l'enquête sur la disparition d'une jeune fille 40 ans plus tôt. Une enquête qui est parfois plus vue comme le lien entre ces deux personnages que le sujet même du film. La mise en scène est d'une rigidité remarquable, moderne et froide, on reconnaît la patte du réalisateur, qui plonge dans un canapé comme il plongeait dans la serrure des portes de « Panic Room ». Il utilise habilement son ambiance et son cadre dépouillé pour cloîtrer ses personnages dans la solitude. Les deux acteurs principaux sont impeccables, Daniel Craig et Rooney Mara en imposent chacun dans leurs styles, et on oublie très vite les originaux, même Noomi Rapace, c'est dire la performance de la jeune femme, habitée. La relation entre les deux personnages prend une réelle dimension dramatique grâce à la fragilité que le réalisateur laisse entrevoir dans l'armure gothique de cette fameuse Lisbeth. Au final la version américaine de « Millenium » impressionne par sa rigueur, captivante de bout en bout malgré sa longueur, elle réussit là ou son prédécesseur avait échoué : nous donner envie de voir une suite...